lundi 19 mai 2014

19 mai 1974 - 19 mai 2014 : il y a 40 ans ...Valéry Giscard d’Estaing ...

J’avais 16 ans. Je vivais chez ma grand-mère à Saint-Nazaire. Je me souviens. C’était hier...

J’étais interne en classe de seconde. Le mardi soir,  je rentrais chez ma grand-mère pour couper la semaine. C’était le jour sacré de l'émission « Les Dossiers de l’écran » que nous regardions comme beaucoup de Français, même si la musique du générique était quelque peu stridente et effrayante.

Je ne me souviens pas du nom du film diffusé ce soir du 2 avril 1974. Je ne me rappelle que d’une chose : vers 22 h des lettres blanches sont apparues en incrustation en bas de notre écran de télévision en noir et blanc : « Le président de la République Georges Pompidou est mort ».

Annonce du décès de Georges Pompidou par Philippe Harrouard lors d'un flash interrompant le film des "Dossiers de l'écran", à 22h15.

Avec ma grand-mère nous ne nous sommes pas parlé durant quelques minutes, interloqués par ce que nous venions de lire. Nous aimions beaucoup Georges Pompidou. Il avait quelque chose de vrai et de rassurant.

Je ne savais pas qu’en cet instant ma vie allait basculer, et que s’ouvrait ainsi le livre de ma destinée.

GISCARD : LE CHOIX DE LA JEUNESSE ET DE LA MODERNITÉ

C’est en effet à ce moment-là que ma vie d’adolescent sage allait être bouleversée par mon engagement dans la vie politique avec l’ouverture de la campagne présidentielle de 1974.

Après avoir hésité entre Jacques Chaban-Delmas et Valéry Giscard d’Estaing, c’est pour ce dernier que je me suis engagé. Le projet de « nouvelle société » de Chaban était séduisant, mais le personnage qui se voulait moderne et décontracté me paraissait au final peu crédible et un peu suranné.



Pour moi, la modernité et la jeunesse, c’était Giscard qui les incarnaient.

A  48 ans, il voulait « regarder la France au fond des yeux », et je crois qu’en effet notre pays avait besoin de ce regard en profondeur et novateur, après des années de gaullisme historique et triomphant.

Son projet, celui d’une « Démocratie  française » consensuelle, affranchie des dogmatismes, libérale par la structure pluraliste de tous ses pouvoirs, avancée par un haut degré de performance économique, d’unification sociale et de développement culturel, avait  un objectif : rassembler « deux Français sur trois ».





Valéry Giscard d’Estaing (VGE) s’inscrivait, ainsi, dans les pas des jeunes manifestants du joli mois de mai 1968, et dans ceux de Chaban et de sa « nouvelle société » inspirée par Jacques Delors. 

C’est là que commencèrent mes années de militantisme. D’abord au sein du  Mouvement des Jeunes Giscardiens présidé par un certain... Jean-Pierre Raffarin et dont le secrétaire général s’appelait... Dominique Bussereau... Puis, au Parti républicain, composante giscardienne de l’Union pour la démocratie française (UDF) voulue et créée  par VGE pour rassembler ses partisans.



GISCARD À LA BARRE

19 mai 1974 ... « De ce jour date une ère nouvelle de la politique française, celle du rajeunissement et du changement de la France ». C’est par ces mots prononcés lors de sa prise de fonction que Valéry  Giscard d’Estaing donna le coup d’envoi de sept années qui transformèrent la France.

Majorité à 18 ans ; législation sur l’interruption volontaire de grossesse ; libéralisation de l’information et de la télévision avec l’éclatement de l’ORTF ; divorce par consentement mutuel ; ouverture de la vie politique aux femmes ; réforme du Conseil constitutionnel avec la saisine rendue possible par les parlementaires ; création des questions d’actualité au Parlement ; développement de l’énergie nucléaire civile ; lancement du Système monétaire européen (ancêtre de l’Euro) ; élection au suffrage universel du maire de Paris et des parlementaires européens ; lancement de la révolution informatique ;  instauration du collège unique ; mise en place du G 5 ; suppression des écoutes téléphoniques ; accélération du projet TGV, etc ...

Giscard, « à la barre », détricote avec fraîcheur et enthousiasme la vieille cotte de mailles d’une société française alors un peu figée, engoncée et conservatrice.


Il apporte la démonstration que la Gauche « n’a pas le monopole du cœur ».

Jamais, par exemple, le minimum vieillesse, n’a autant augmenté, les personnes handicapées n’ont été prises autant en considération avec la loi sur le handicap de 1975. C’est VGE qui a étendu la Sécurité sociale à tous les Français; c'est grâce à lui qu'entre 1975 et 1980, le rapport entre le salaire net moyen des cadres supérieurs et celui des ouvriers s’est resserré, passant de 3,84 à 3,56.


Même si deux chocs pétroliers sont venus ralentir et ternir cette volonté réformatrice, en faisant exploser le chômage, n'oublions pas, qu’à l’époque,  notre croissance flirtait encore avec les 3 % et que la dette publique ne dépassera pas les 15% tout au long du septennat ...un rêve aujourd’hui !

GISCARD : LE BON CHOIX POUR  LA FRANCE 

19 mai 1974 / 19 mai 2014 : 40 ans ont passé. Mais, j’ai toujours la même conviction : Giscard était « le bon choix pour la France ».


Son septennat restera celui de la libéralisation de la société française et de la modernisation de la politique de notre pays. Il a fait passer la V ème  République du noir et blanc à la couleur.

Si les Français ne l’ont pas forcément aimé, ils l’ont respecté et je rappelle qu’à la fin de son mandat,  sa côte de popularité culminait encore à plus de 50 % d’opinions favorables !!! Et en 2014, 61 % des Français déclarent avoir une bonne opinion de lui.

De plus, un récent sondage le place même, chez les électeurs de droite, au 3ème rang des meilleurs présidents de la Vème République, juste derrière Charles de Gaulle et Nicolas Sarkozy.  

Loin de moi en ce 19 mai 2014, l’idée de me noyer dans la nostalgie et la mélancolie d’une époque. Quoique ... quand je vois le président de la République actuel ...

Non, je veux simplement me souvenir qu’il y a 40 ans, j’avais 16 ans et j'entrais en politique derrière un jeune candidat qui avait tout compris des soubresauts "d'une société en pleine évolution".


Aujourd’hui, à près de 56 ans, fidèle à mes convictions, à mes valeurs et à mes idées de centre droit qui m’ont conduit à être député de la Nation depuis 2002, j’ai une pensée affectueuse, respectueuse et heureuse pour un homme d’État de 88 ans, dont l'intelligence et le brio me rendent fier d’être encore, 40 ans après, « UN GISCARDIEN ».


J’aurai l’occasion, le 7 septembre prochain, lors de ma traditionnelle rentrée politique à La Baroche-Gondouin, et avec mes amis du nord-Mayenne, d’exprimer à nouveau cette fierté et de célébrer ce double quarantième anniversaire (l’élection de Valéry Giscard d’Estaing comme président de la République française, et mon entrée en politique).

Yannick FAVENNEC.